Par Danielle Beaudet, art-thérapeute
Lorsqu’on accompagne un être cher au quotidien, on donne beaucoup; du temps, de l’énergie, du cœur. On le fait par amour, par devoir, parfois simplement parce qu’il n’y a personne d’autre pour le faire. Peu à peu, pourtant, on peut se rendre compte qu’on s’oublie. Que la fatigue s’installe, que la patience s’effrite, que tout semble trop lourd. C’est là que le burnout du proche aidant peut s’installer, souvent en silence.
Rev. Dr. Geraldine L. Johnson-Carter dans son livre The Caregiver’s Empowerment Handbook, décrit ce phénomène non pas comme un signe de faiblesse, mais comme un signal d’alarme : celui d’un corps et d’un esprit qui n’en peuvent plus de porter seuls une charge trop grande.
Le burnout, c’est quand le « prendre soin » perd son sens et devient un automatisme. Quand on se réveille déjà épuisé. Quand on s’éloigne de soi-même, sans même s’en rendre compte.
La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas inévitable. Il peut être prévenu, à condition de reconnaître les signes et d’apprendre à rééquilibrer la balance entre don de soi et soin de soi.
Voici quelques pistes proposées dans l’ouvrage :
- Se reconnecter à son pourquoi.
Rappelez-vous pourquoi vous aidez, au-delà de la culpabilité ou de l’obligation. Cela redonne du sens et permet de raviver la flamme du lien, plutôt que de se laisser consumer par le devoir. - Reconnaître les signaux d’alarme.
L’irritabilité, le désengagement émotionnel, les troubles du sommeil, la sensation de vide intérieur, ce ne sont pas des faiblesses, mais des messages. Les écouter tôt, c’est déjà se protéger. - Apprendre à se régénérer.
Prendre du repos n’est pas du luxe, c’est une nécessité. Cela peut être une pause de quelques minutes, un moment de silence, une promenade, un repas sans hâte. Ces gestes simples nourrissent la capacité d’empathie et d’attention. - Chercher du soutien.
Aucun proche aidant ne devrait se sentir seul dans sa mission. Partager son expérience, demander de l’aide à un ami, se joindre à un groupe de soutien, un organisme communautaire ou consulter un professionnel, c’est un acte de courage et non d’échec. - Se rappeler que l’équilibre est un mouvement.
Le bien-être du proche aidant ne se construit pas une fois pour toutes. Il s’ajuste, il se réinvente, jour après jour. Ce n’est pas une quête de perfection, mais d’humanité.
En fin de compte, prévenir le burnout, c’est honorer la personne aidée autant que soi-même. Parce qu’on ne peut pas verser d’une cruche vide. Prendre soin de soi, ce n’est pas s’éloigner de l’autre, c’est se donner les moyens de continuer à aimer sans se perdre.
